Culture

Pourquoi regarde-t-on encore l’Eurovision ?

Sainte Marie-Myriam, patronne des chanteurs français de l’Eurovision, priez pour nous, on en a besoin.
Comme chaque année, la France s’est pris une taule à l’Eurovision samedi dernier.  Pourtant, on avait sorti de la star, Anggun, chanteuse internationale et confirmée. Pleine de bonne volonté, véritable petit soldat du feu prêt à affronter cette scène où la France n’a pas gagné depuis Marie-Myriam en 1977, la chanteuse franco-indonésienne ne s’est classée que 22e sur 26. Grosse déception ? Non, question d’habitude.
Pourtant, ça n’est pas faute d’avoir mis le paquet. La chanteuse avait sorti ses plus beaux apparats : une robe body très sexy, moults voiles dévoilant sa culotte dorée, une armée de gymnastes s’affairant autour d’elle, une chanson à moitié en anglais, histoire de ne pas pénaliser les non francophones. Tout était là pour gagner. Mais non, ça n’est pas encore pour cette année.
 
Quand on voit que la Russie qui nous a envoyé 6 grands-mères édentées originaires d’un petit village de la Volga chantant en oudmourte (langue locale appartenant au groupe finno-ougrien) et qu’elles ont fini deuxième, on se dit qu’on est clairement à coté de la plaque.  Pourquoi aller chercher des chanteuses tendances, des bellâtres lyriques ou des stars internationales pour tenter de remporter ce prix de la chanson kitsch ? On a beau se débattre et essayer de sortir du gouffre de la fin du tableau chaque année, nos pauvres chanteurs français n’arriveront jamais à rien.

La belle Anggun n’avait aucune chance face à l’artillerie lourde russe

Révisons notre géographie avec l’Eurovision

L’un des postulats de l’Eurovision est que quoi que l’on fasse,  la France ne gagnera jamais. C’est foutu, c’est mathématique. L’Eurovision n’est pas qu’un concours de chansons mais une révision de la géopolitique européenne (très élargie car à ce que je sache, l’Azerbaïdjan ou Israël ne font pas vraiment partis de l’Europe mais ne cherchons pas). Les pays ont toujours voté pour leurs voisins, leurs amis, leurs alliés, c’est comme ça. Alors depuis que la Yougoslavie et l’URSS ont éclaté, on est foutu. La macédoine va voter pour la Serbie, qui va voter pour le Monténégro, qui choisira la Croatie qui votera, elle, pour la Slovénie. Pareil pour les pays du Caucase ou les pays scandinaves. Bref, vous l’aurez compris, la France, qui ne peut compter que sur elle, ne pourra jamais aller très loin. Une mention spéciale tout de même pour nos amis belges, suisses et Andorrans qui sont en général les seuls à nous donner des points. Merci de votre solidarité, promis, on ne vous envahira jamais.

La carte des alliances. Nos amis pour la vie: Monaco, Suisse, Belgique et Luxembourg. C’est pas gagné.

I’m a believer

Alors pourquoi regarde t-on encore chaque année l’Eurovision ? Y’a-t-il encore en nous un peu d’espoir enfoui d’un retournement de situation qui nous permettra de gagner à nouveau le prix 35 ans après ? Etant une éternelle optimiste, j’avoue que j’y crois encore et chaque année, j’allume des bougies vertes début mai en priant Sainte Marie-Myriam pour qu’elle débloque la situation en nous envoyant le messie de la chanson qui fera tout basculer.
Oui, j’y ai cru. J’ai cru qu’en 2007 l’humour des fatals picards pourraient amuser la galerie (ils ont fini 19ème), j’ai cru qu’en 2008 l’électro décalée de Sébastien Tellier pourrait séduire (19ème du classement aussi), j’ai cru qu’en 2009, sortir la grosse artillerie Patricia Kaas pourrait nous faire gagner (elle a tout de même finie 8eme, un record, bravo Patoche), mais tout cela fut vain. Je ne pourrai jamais assister à la soirée de l’Eurovision à Paris comme nous l’attendons avec tous mes amis depuis tellement longtemps.
Alors même si je sais pertinemment que la France ne gagnera pas sauf miracle (et les miracles, ça existe !), je continue à être au rendez vous chaque année parce que l’Eurovision, malgré tout, ça me fait rire. Je regarde l’Eurovision car on y voit des gens déguisés en Pingouins (Papa pingouin en 1980), car un groupe de hard rock finlandais déguisé en monstres (20066) m’a donné l’un des plus gros fous rires de ma vie, parce que j’ai besoin de prendre ma dose de paillettes, de frou-frou, de kitsch et de mauvais gout chaque année pour être heureuse et équilibrée. L’eurovision, c’est une tradition !
 

Le groupe finlandais Lordi, grands vainqueurs en 2006


 
 
 

2 Commentaires

  1. Suzanne Helen

    29 mai 2012 at 9 h 09 min

    Eh oui, on sait qu’on finira dans les derniers, mais on espère quand même !
    Et puis c’est toujours une bonne partie de plaisir, tous ces chanteurs kitschouilles 🙂

  2. Thomas

    29 mai 2012 at 12 h 59 min

    Je pensais qu’on allait quand même se classer un peu plus haut dans le classement. La chanson était calibrée « Eurovision »; mais presque toutes l’étaient au final. Question d’habitude, comme tu dis..

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