Culture

The immigrant : les malheurs d'Ewa

Sortie cinéma de la semaine. Autant la semaine dernière, j’avais ri avec Guillaume Gallienne et son excellent « Les garçons et Guillaume à table », que je vous conseille vivement, autant cette semaine, j’ai choisi un film grave. Fini de rigoler, on passe au drame et à la tragédie avec The immigrant de James Gray.

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James Gray est un réalisateur américain célèbre pour être détesté dans son pays et adoré en France. Un peu comme Woody Allen, il n’arrive pas à trouver son public aux Etats-Unis mais séduit dans la vieille Europe. C’est déjà ça. Je suis assez sensible à ses films, que je vais toujours voir au ciné à leur sortie pour prendre ma dose de tragédie et de mélo sombre et grave. La présence de Joaquin Phoenix dans tout ces films ne gachent rien bien sûr car il est pour moi, l’un des meilleurs acteurs actuels.
J’ai eu du mal à trouver des copains de ciné pour m’accompagner car la présence de Marion Cotillard dans le film en agaçait déjà plus d’un(e). C’est pas ça qui va m’arrêter, il m’en faudra plus pour louper un James Gray. C’est parti pour The immigrant.

Ellis Island, The Island of Tears

Tous ceux qui ont eu la chance de faire un voyage à New York ont certainement visité un endroit chargé d’histoire et d’émotion: Ellis Island. Cette île au large de Manhattan était le porte d’entrée des immigrants vers les Etats-Unis jusque dans les années 50. Elle permettait d’isoler les migrants avant leur acceptation aux États-Unis et d’éviter les évasions. Des milliers de migrants venant d’Europe (Pologne, italie, Russie, Irlandais, Allemands pour la plupart) arrivaient chaque jour sur Ellis Island. Ils passaient alors un contrôle avant de rentrer aux Etats-Unis. Ceux qui présentaient des signes de maladies étaient renvoyés dans leur pays ou mis en quarantaine sur l’île. Cette thématique touche tout particulièrement James Gray puisque sa famille a elle-même quitté la Russie pour les Etats-Unis dans les années 20.
C’est dans ce contexte que commence le film The immigrant. En 1921, Ewa (Marion Cotillard) et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la terre promise, New York. Arrivées à Ellis Island, Magda, atteinte de tuberculose, est placée en quarantaine. Ewa, seule et désemparée, tombe dans les filets de Bruno (Joaquin Phoenix), qui l’embauche dans son spectacle de danseuses de cabaret et l’entraine peu à peu dans la prostitution. Pour sauver sa sœur, elle est prête à tous les sacrifices.
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The immigrant, visa pour le mélo

Je préfère vous prévenir dès le départ, la vie de cette pauvre Ewa ne va pas être rigolote. Arrivée seule et sans le sous dans un pays étranger, elle va devoir affronter bien des épreuves pour survivre : la misère, le vol, la violence, la manipulation, la prostitution. Elle affrontera tout pour atteindre son objectif, sortir sa soeur d’Ellis Island et commencer une nouvelle vie avec elle.
Tiraillée entre deux hommes, Bruno qui l’a aidé mais l’entraine dans la prostitution et son cousin Orlando, qui veut fuir avec elle en Californie, Ewa est une sorte d’Angélique marquise des Anges polonaise des années 20. Sauvée par sa grande beauté qui bouleversent tous les hommes, tous ceux qu’elle croise tombent fous d’amour sur son passage, se battent et tuent par jalousie pour la belle. Qui elle, s’en fout, car elle veut juste retrouver sa soeur. Forcément, ça va faire des drames tout ça, on s’en doute bien.

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Un trio ambiguë et passionné

The immigrant n’est pas un film majeur, comme two lovers, mais il en reste néanmoins un très bon film. Sa force est l’ambiguité des personnages. Dans cette histoire, il n’y a pas de gentil ou de méchant, que des personnages qui oscillent entre deux eaux. Ewa est douce et innocente mais en même temps, elle est prête à tout pour retrouver sa soeur. J’ai trouvé Marion Cotillard très juste et touchante dans ce rôle.
Orlando (joué par l’acteur à tête de paysan polonais Jeremy Renner) est tout à fait crédible en magicien au temperament fougueux et enflammé.
Gardons le meilleur pour la fin, Joaquin Phoenix est comme d’habitude brillant dans ce film. Il interprete, comme c’est souvent le cas dans les films de Gray, un personnage ambiguë et tourmenté, à la fois amoureux transi mais aussi dur et violent, sans cesse à la limite de la folie. Il passe du statut de salaud à celui de victime incomprise en un clin d’oeil. Un rôle à la mesure de son talent!

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6 Commentaires

  1. Aurore

    9 décembre 2013 at 12 h 47 min

    J’avoue que le fait que Cotillard soit dedans n’a pas plaidé en sa faveur, mais j’ai lu ds pas mal d’articles, dont le tien, qu’elle y jouait juste. J’adore Phoenix mais je crois que ça sera pas suffisant pour que je me décide à aller le voir !

    1. Yulia Baba

      9 décembre 2013 at 23 h 21 min

      Pour moi, Joaquin phoenix est la plus importance raison d’aller voir n’importe quel film, il y est toujours génial ! 🙂

  2. matchingpoints

    9 décembre 2013 at 14 h 53 min

    Comme pour le commentaire précédant, malgré Joaquin Phoenix, nous regarderons peut-être ce film à la télé …

    1. Yulia Baba

      9 décembre 2013 at 23 h 22 min

      Oui je comprend, ça n’est pas le meilleur film de James Gray. Two lovers est bien meilleur

  3. My Little Discoveries

    9 décembre 2013 at 23 h 12 min

    J’ai vu ce film aujourd’hui et il m’a plu, mais je ne pense pas qu’il me laisse un grand souvenir d’ici quelques semaines. Parmi ses qualités: j’ai trouvé la photo et la lumière très belles, et Marion Cotillard est assez juste alors que parfois elle peut m’énerver 😉

    1. Yulia Baba

      9 décembre 2013 at 23 h 23 min

      Effectivement, la photo et la lumière sont très belles. Ainsi que les costumes. Ca donne sur cette atmosphère plutot réussie

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