Culture

La terre outragée : un mariage sous la pluie noire de Tchernobyl


J’ai vu hier un très beau film que je vous conseille à tous : La terre outragée. Ce projet européen (France, Ukraine, Pologne et Allemagne) traite des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl sur 3 personnes entre le jour de l’explosion et leur retour dix ans plus tard.
La catastrophe nucléaire survenue le 26 avril 1986 dans la centrale nucléaire de Lénine en Ukraine est considérée comme le plus grave accident nucléaire répertorié jusqu’à présent, ses conséquences ont été considérables, tant du point de vue sanitaire qu’écologique. Il s’agit du premier film sur ce sujet et le résultat est très réussi. Le film est beau, émouvant, passionnant. C’est mon coup de cœur ciné de la semaine !

 

26 avril 1986 : le jour où tout bascule

Anya et Piotr
La première partie se déroule le 26 avril 1986, jour de la catastrophe de Tchernobyl. Ce jour là, Anya (la très belle Olga Kurylenko) se marie avec Piotr à Pripiat, à quelques kilomètres de la centrale. Pendant cette journée qui devrait être la plus belle de sa vie, on sent monter une tension car quelque chose dans l’air est étrange. La radioactivité transforme la nature immédiatement affectée par ce sinistre. Les poissons du fleuve flottent soudainement à la surface, les oiseaux tombent… Dans cette atmosphère pré-apocalyptique, la fête continue. Anya et Piotr sont heureux et amoureux. Il y a 25 ans, la vie était douce à Tchernobyl.

Tout s’accélère quand Piotr, qui travaille à la centrale est réquisitionné d’urgence à cause d’un incendie. Personne ne sait exactement ce qu’il est en train de se passer. Évidemment, il ne reviendra pas mais Anya ne le sais pas encore. La fête continue toute la nuit dans cette atmosphère étrange. La mariée est belle, les invités boivent de la vodka, dansent et chantent des chansons slaves. On se croirait dans un film de Kusturica. Sauf que la pluie se met à tomber sur les invités, elle est noire. C’est le début du malheur pour tous ces gens.
 
Alexei et Valery
Alexei est ingénieur. Avec sa femme et son jeune fils Valery, ils vivent heureux à Pripiat. Valery joue du piano, plante un pommier avec son père.  Il y a 25 ans, la vie était douce à Tchernobyl.

Alexei et Valery


Le 26 avril 1986, Alexei, ingénieur à la centrale est prévenu de la catastrophe. Il a ordre de ne pas parler autour de lui de ce qu’il se passe. Affolé par l’ampleur de l’événement, il envoie son fils Valery et sa femme loin de Pripiat. Il se rend en ville pour mesurer la radioactivité et constate avec horreur que tout est infecté autour de lui. La pluie se met à tomber. Il achète tous les parapluies qu’il trouve et les distribue aux gens dans la rue sans pouvoir les prévenir que cette eau empoissonnée est en train de les tuer. Le lendemain, toute la population est évacuée et Pripiat devient une ville morte.

Pripiat, une ville devenue morte

10 ans plus tard, le retour à Pripiat

Dix ans plus tard, Anya est devenue guide touristique pour Tchernobyl tour. Elle fait visiter le site de la centrale à des touristes. Dans la ville morte et désertée de ses habitants, elle croise une petite fille qui joue. Surement le symbole de l’enfant qu’elle aurait eu avec Piotr si tout n’avait pas basculé. Le temps a fait son œuvre mais elle reste toujours marquée par la catastrophe qui a bouleversée sa vie. Elle rêve de partir vivre ailleurs mais ne se résout pas à quitter Pripiat, sa ville, sa terre, l’endroit où elle a été heureuse. Pour elle, l’exil est impossible.

Anya, 10 ans après

Valery, devenu adolescent, revient sur le site pour rendre hommage à son père porté disparu depuis le fameux jour. Persuadé qu’il est encore vivant, il s’échappe du groupe pour retourner dans sa maison d’enfance et essayer de trouver une trace de son père. Celui-ci n’est effectivement pas mort. Condamné au silence par les autorités, il préfère disparaître. Traumatisé, il erre de gare en gare, prend des trains pour essayer de revenir chez lui, en vain, puisque la ville n’est plus desservie depuis 10 ans. Il n’est plus qu’une âme morte, un fantôme de la catastrophe.

Valery sur les traces de son père disparu


Ces trois destins fauchés se croisent sans jamais se rencontrer. Tout trois seront marqués à vie par cette journée du 26 avril 1986. La terre outragée est un très beau film qui témoigne de ce désastre, aussi bien sur la nature condamnée que sur ces destins brisés. A ne pas manquer !

3 Commentaires

  1. Corinne (Couleur Café)

    4 avril 2012 at 8 h 31 min

    Il a l’air magnifique ce film !! Merci !

  2. Fay

    22 avril 2012 at 20 h 41 min

    Et bien écoute, je pense que je vais le regarder ! C’est intéressant de parler de Tchernobyl dans un film, il y a tellement de tabou à propos de cette catastrophe !!

  3. Almonds and nuts

    15 avril 2014 at 9 h 56 min

    Oh, j’ai loupé ça… normal, je viens de réaliser que j’étais en Australie pour plusieurs mois, quand il est sorti. Ce que tu en dis m’intéresse, je vais essayer de le trouver! (bon film en perspective, yay ^^)

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