Culture

Les Vaches de Staline – Sofi Oksanen

La romancière finlandaise Sofi Oksanen est résolument ma découverte littéraire de l’été. Cette finlandaise de 36 ans au look bien particulier, puisqu’elle arbore des dread locks multicolores, a aujourd’hui publié 3 romans très inspirés de son histoire familiale. Dans son premier roman, Les Vaches de Staline, elle explore le passé sombre de l’Estonie à travers le destin de deux femmes.

sofi oksanen

Née d’un père finlandais et d’une mère ingérieure estonienne, Sofi Oksanen a grandi en Estonie durant l’occupation soviétique avant d’émigrer dans le pays de son père en 1980. Son histoire familiale est donc a cheval sur deux pays et elle a connu ces deux mondes diamétralement opposés.
Les vaches de Staline est son premier roman publié en 2003 et traduit en français en 2011. C’est l’histoire croisée de deux femmes, la mère et la fille entre les années 70 et 2000. Derrière ces deux histoires personnelles, c’est l’histoire de l’Estonie au XXe siècle que l’on découvre. Ce petit pays, sous domination allemande puis soviétique, n’a jamais vraiment connu la liberté jusque dans les années 90.

Katariina, la mère

Katariina, la mère, est une ingénieure estonienne qui dans les années 70 rencontre un finlandais qu’elle épouse et qu’elle suit dans son pays. Elle qui est née dans un petit pays soviétique, elle a connu tout au long de sa vie les privations, le manque de liberté, les proches envoyés en Sibérie et la dureté de la vie au quotidien dans un régime communiste. Lorsqu’elle rencontre ce finlandais, c’est une porte vers la liberté qu’il lui offre. En effet, Helsinki, très proche de la capitale estonnienne Talinn est considérée comme un eldorado où l’on vit libre et où l’on trouve de tout pour être heureux.
Mais une fois en Finlande, elle déchante assez vite. En effet, c’est d’autres problèmes qui commencent alors: la peur d’être suivie et surveillé par le KGB et surtout la peur d’être rejetté si on découvre sa vraie nationalité. En effet, les Estonniennes étaient considérées dans ce pays comme des prostituées bon marché, pretes à tout pour passer à l’Ouest. Son mari lui même se détourne d’elle assez vite et ne l’a considéra jamais mieux que cela.

Anna, la fille

Anna, la fille, est née à la fin des années 70 et vit en Finlande. Elle a connu l’Estonie soviétique dans son enfance et garde de ce pays une image idéalisée, c’est son monde magique à elle. Mais ce monde n’existe plus depuis la chute de l’URSS, et alors que le pays s’occidentalise, Anna voit petit à petit disparaitre tous les souvenirs de son enfance.
Elle vit plutot mal le fait de ne pas pouvoir parler aux gens de ses origines estoniennes et plus elle grandie, plus elle développe un mal être qui se traduit par des crises de boulimie qui prendront le pas sur son existence. Son rapport complexe à la nourriture n’est il pas un echo des privations dont était victime sa mère pendant l’ère soviétique ? Qu’elle en soient conscientes ou non, leurs deux histoires sont étroitement liées.
 
Les vaches de Staline est un beau roman sur l’identité et de la difficulté a vivre entre deux pays. C’est aussi le roman de deux générations, celle d’avant et celle d’après le rideau de fer. Chacune a ses problèmes, ses peurs, son mal. C’est l’histoire d’un monde disparu vue par deux femmes, l’une nostalgique, l’autre désabusée et désenchantée par la vie.
C’est un livre intelligent et sensible, que je vous conseille vivement. Pour ma part, je viens de commencer un second livre de Sofi Oksanen, la Purge, Prix Femina etranger, qui s’avère tout aussi passionnant!
sofi oksanen
 
side_bg_2
Les vaches de Staline, c’est ainsi que les Estoniens déportés en Sibérie désignèrent les maigres chèvres qu’ils trouvèrent là-bas, alors que la propagande soviétique affirmait que ce régime produisait des vaches exceptionnelles.
side_bg_2

Laisse moi un commentaire, je réponds toujours !