Lincoln, le biopic présidentiel signé Steven Spielberg

Après Abraham Lincoln : chasseur de vampires, film qui méritera toujours pour moi la palme du sujet le plus improbable (l’inventivité et l’absence de limites intellectuelles de certains réalisateurs ne cesseront jamais de m’étonner), voici aujourd’hui une version plus académique et patriotique de la vie du grand président américain. Plus de monstres à canines pointues, on s’intéresse cette fois-ci à l’Histoire, la vraie, celle qui a permis de fonder les Etats-Unis tels qu’on les connait aujourd’hui.

Passionné d’histoire, Steven Spielberg s’est donc lancé dans la biographie d’un mythe, le 16eme président des Etats-Unis, Abraham Lincoln.

Lincoln, artisan de la fin de l’esclavage

Spielberg s’est intéressé dans ce film aux quatres derniers mois de la vie de Lincoln (1865). Durant cette courte période c’est concentré beaucoup d’événements qui vont changer le cours de l’Histoire.
Le président américain vit alors une période tres difficile. La guerre civile entre les états esclavagistes du sud et les états abolitionnistes du Nord fait rage depuis des années et fait de plus en plus de victimes. Dans ce contexte de nation déchirée, le président se bat pour faire passer un nouvel amendement qui mettra fin une fois pour toute à l’esclavage aux Etats-Unis et donc a cette guerre fraternelle dont ce débat est la cause.
Véritable bouleversement, la fin de l’esclavage est très mal accueillie par la plupart des députés américains. Il faut alors réussir à les faire changer d’avis et à voter pour cet amendement en les rencontrant un par un et en leur graissant la pate.
Bien sur, on connait la fin, on sait que l’amendement sera adopté mais par contre, je ne savais pas personnellement que pour gagner ce vote, Lincoln et son équipe avaient été obligé de corrompre la plupart des députés. La fin de l’esclavage a été obtenu par la corruption. La fin justifie les moyens. Et c’est ce qui est présenté dans ce film.

2h30 de débats

Spielberg aurait pu faire un grand film sur la guerre de Sécession avec de grandes scènes de batailles et de combat comme il nous a déjà prouvé qu’il savait très bien faire dans le soldat Ryan. Spielberg aurait pu faire un biopic très people sur l’homme, sa famille, ses relations avec sa femme comme dans les grosses productions américaines. Mais le réalisateur n’a pas choisi la facilité. Ce qu’il a voulu montrer dans ce film, c’est comment cet amendement a été voté et a changé l’histoire des Etats-Unis. Il a filmé un moment historique de la manière la plus fidèle qu’il soit. Le résultat, c’est qu’on assiste à 2h30 de débats, de controverses et de délibérations.
Disons le tout net, Lincoln est un film bavard. J’avoue avoir décroché plusieurs fois pendant le film, lasse de toutes ces paroles. Et pourtant, j’ai une formation d’historienne donc j’ai déjà le background nécessaire pour comprendre et apprécier ce genre de film historique et austère.
Dans ce film, Lincoln ne chasse rien du tout, il parle. Pendant 2h30. Et c’est long. Aucune scène d’action, le but n’est pas dans tomber dans le mainstream, on ne cherche pas à intéresser le spectateur à tout prix. Au contraire, il s’agit d’un film très classique, un film patriotique et scolaire, un film qui sera parfait pour être projeté durant les cours d’Histoire aux Etats-Unis.

Lincoln, un film pédagogique et patriotique mais plutôt ennuyeux

Il ne s’agit pas d’un film de divertissement, qu’on se le dise.Ceux qui s’attende à du Spielberg grand public vont être déçus.  C’est un film grand, majestueux avec beaucoup de moyens et un panel d’acteurs de talent mais ca n’est certainement pas mon Spielberg préféré. Même si les acteurs sont tous excellents (Daniel Day Lewis en Lincoln est parfait) et que l’histoire de la fin de l’esclavage est un sujet passionnant, je n’ai pas réussi du tout à accrocher à ce film trop bavard et trop lent.
Très classique et académique, le Lincoln de Steven Spielberg gagnera surement des oscars pour la performance des acteurs et jouera un role important dans l’éducation des petits américains mais ce film restera surtout pour moi le souvenir de 2h30 d’ennui plus ou moins profond.